Métier à tisser

« Nous sommes fait de l’étoffe de nos rêves » (W.Shakespeare) ou l’écriture de l’inconscient.

La métaphore de l’étoffe suggère la pensée. De la même façon le filage, le tissage et le tressage suggèrent le travail de la pensée et le travail du rêve au cœur du travail psychanalytique. L’étoffe suggère aussi le vêtement que nous portons, comme les comédiens endossent les vêtements de leurs différents personnages. Ces fameux «  habits » dissimulateurs portés mais aussi porteurs d’un langage chiffré, d’un secret caché.

Texere signifie tisser, texus est le tissu, la trame et donc le texte.

La psychanalyse interroge toujours le rapport entre la parole et l’écrit. Elle fait l’hypothèse de l’existence d’un texte inconscient guidant nos pas à notre insu et de manière souterraine et invisible. L’inconscient est une affaire de mot et de tissage de mots et les mots sont pris dans la sexualité et le corps. Le texte de l’inconscient s’impose à nous, malgré nous, au travers de nos rêves, nos lapsus, nos actes manqués ou encore nos oublis, nos confusions et inversions.

La complexité du tissage du réel met en tension des tendances contraires et produit ce dont nous faisons souvent l’expérience : la division intérieure, le conflit intérieur. La pensée et donc la parole et le corps comportent des mécanismes de tissage entre des processus psychiques antagonistes et paradoxaux : création et destruction, mémorisation et oubli, articulation et séparation, harmonisation et conflictualisation.

Nous faisons tous l’expérience de la division entre des mouvements internes de liaison et ceux de la déliaison.
La parole de l’analysant en psychanalyse révèle les croisements et les tensions des fils de deux récits différents tissés ensemble. Le récit muet inconscient du mythe (muthos) et le récit parlé conscient (logos). J. Lacan parlait de « motérialité » muette en rapport pourtant avec la parole.
L’association libre de l’analysant et l’attention flottante du psychanalyste permettent d’entendre cette dualité du tissage et les relations entre le discours conscient et le discours inconscient. Elles permettent de laisser surgir les formations inconscientes telles que les rêves, les lapsus, les oublis, les actes manqués.
Chacun de nous, durant son sommeil, par exemple, rêve et se transforme en cinéaste ou en metteur en scène.
Notre inconscient réalise, à notre insu, chaque nuit, un petit film, ou une pièce de théâtre, mettant en scène les personnages de notre vie psychique cachée.
Bien souvent, le contenu latent du rêve se révèle être très éloigné de son contenu manifeste. Et le travail d’analyse permettra d’en déchiffrer les énigmes, les codes, les masques et les déguisements : Les personnages n’étant pas toujours ceux que nous pensons et le message du rêve se révélant souvent beaucoup plus subtil en seconde lecture ou après analyse. Cette seconde lecture autorisant et favorisant de lire le texte, entre les lignes, et d’entendre alors ses équivoques et ambiguïtés ou autres double sens.

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